Economie : la pharmacie fait de la résistance

Alors que la pharmacie affronte la quatrième vague de l’épidémie, le coup d’œil dans le rétroviseur que proposent les experts-comptables de FIDUCIAL confirme que le réseau officinal a su s’adapter à la crise sanitaire et même en tirer parti. Mais au-delà, l’analyse des chiffres fait apparaître la capacité des pharmaciens à actionner d’autres leviers essentiels à la pérennité de l’entreprise officinale.

Les premières tendances l’avaient révélé. Au prix d’efforts considérables, la pharmacie a été l’une des rares activités à avoir traversé la crise sanitaire sans trop d’encombre. Certes, les officines ont dû faire face à une inflexion de 0,26 point des ventes de médicaments remboursés, qui ne représentent plus désormais que 74,56 %.(honoraires compris) du chiffre d'affaires, soit le taux le plus bas de la décennie. En même temps, les officines sont parvenues à tirer parti de nouvelles sources de revenus propres à la situation épidémique.

Une rentabilité préservée

Ainsi, comme en témoigne l'étude FIDUCIAL*, les ventes de masques et de gels ont contribué à doper la catégorie de TVA à 5,5 % qui a constitué en 2020 9,76 % du chiffre d’affaires global, contre 9,17 % un an auparavant. De même, les dispositifs médicaux, et tout particulièrement les thermomètres, gagnent du terrain et représentent 10,59 % du chiffre d'affaires. Résultat, pour les officines étudiées par FIDUCIAL, le chiffre d’affaires progresse en moyenne de 2,63 % en 2020.

Mais pour certaines officines que la crise a durement impactées, la chute a été brutale : leur chiffre d'affaires a diminué en moyenne de 4,5 %, contre 3,5 % en 2019. À l’inverse, deux tiers des officines ont pu bénéficier d’une hausse de 5,90 % (5,10 % en 2019), avec une pointe à + 6,50 % pour les pharmacies de quartiers ! L’analyse de ce premier exercice en temps de crise sanitaire révèle d’autres évolutions significatives. Ainsi, la productivité des collaborateurs a bondi de 6,86 %, soit un chiffre d’affaires de 374 000 euros par salarié.

Preuve que dans cette période d'instabilité, les titulaires ont su mobiliser leurs ressources humaines et ont pu compter sur le soutien de leurs équipes. Moins nombreux, les salariés voient leurs salaires revalorisés de 3,23 %, une conséquence de la pénurie de main-d’œuvre qualifiée, notent les experts de FIDUCIAL. Cette croissance de l’activité sauve la marge en valeur absolue. Alors que la marge en valeur relative continue de baisser (30,76 % du chiffre d’affaires contre 31,07 % en 2019), la marge en valeur absolue s’affiche à 507 000 euros, contre 498 000 euros en 2019 et 492 000 euros en 2018. Ce sont donc 9 000 euros supplémentaires qui ont été engrangés en moyenne par officine.

Car c’est là un autre enseignement de ce premier bilan. La crise n'a en rien entamé la rentabilité des officines qui sont parvenues à hisser leur excédent brut d'exploitation (EBE) au niveau de 2018. L’EBE représente aujourd’hui 12,27 % du chiffre d'affaires contre 12,22 % en 2019.

«La profitabilité brute des pharmacies reste donc constante depuis plusieurs années et n’a donc pas été impactée par la crise sanitaire », commentent les experts-comptables. Autre constat positif, la situation sanitaire n’a pas freiné les investissements. Près de 70 % des titulaires, soit 4 points de plus qu’en 2019, y ont recouru, y consacrant en moyenne 19 400 euros. Les titulaires se sont révélés d’excellents gestionnaires de crise puisque leur trésorerie s’en est trouvée améliorée à l’issue de la première année de la pandémie.

Le «trésor de guerre » des pharmacies croît de 19,02 % pour atteindre en moyenne 150 399 euros. À noter que ce sont les officines au chiffre d’affaires supérieur à deux millions d'euros qui augmentent le plus leur disponibilité : 38 000 euros contre 24 000 euros en moyenne pour l’ensemble du réseau.

Parallèlement, lé nombre d’officines en difficulté recule : 18,44 % d'entre elles clôturent leur exercice avec un découvert. «Il s'agit d’une baisse de 10,56 points par rapport à 2019 », précise les experts-comptables. Mieux encore, le découvert tend à se réduire pour la majorité d'entre elles. «En valeur absolue, le découvert moyen s’élève à 12 625 euros, soit une diminution de 4,08 % par rapport à 2019. On constate donc une nette amélioration du risque de défaillance », relève l’étude FIDUCIAL.

Quelle sortie de crise ?

Cependant, force est de constater que le réseau doit cette bonne santé financière en partie aux aides de l’État. Elle demande à être confirmée une fois que les titulaires se seront acquittés du remboursement différé de leurs emprunts et des charges sociales TNS ! Il n’empêche, la pharmacie offre aujourd’hui un paysage plus homogène. À titre d’exemple, les différences de taux de marge entre les divers types d’officines tendent à se gommer. La bonne santé de la trésorerie profite indifféremment aux officines, quelles que soient leur taille et leur zone de chalandise. La progression de ces fondamentaux que sont la trésorerie, la rentabilité et les investissements représentent des atouts indéniables au cœur d'une crise sanitaire qui perdure, et sont autant de gages de solidité pour les organismes financiers. L’exercice actuel dira si le réseau est en mesure de confirmer ces tendances. Et surtout s’il fait preuve d’autant d’élasticité sur la durée et dans un contexte où le «quoiqu'il en coûte » semble remis en cause.

Marie Bonte / Quotidien du Pharmacien

* Etude réalisée sur 499 officines réparties sur l’ensemble du territoire et sélectionnées parmi les 1 500 officines clientes de FIDUCIAL.

 

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