Pharmacie : pourquoi et comment s’installer en 2016

La première installation en officine séduit moins les jeunes pharmaciens, mais cette opération reste parfaitement possible sous certaines conditions. Acquérir une première officine est devenu plus difficile pour les jeunes diplômés et les adjoints, en raison des difficultés économiques de la profession et du manque de visibilité à court et moyen terme. Pourtant, la baisse des prix de cession et la démographie des pharmaciens offrent de nouvelles opportunités pour s’installer.

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Le Quotidien du pharmacien. - Comme chaque année, vous avez animé une conférence sur le thème de la première installation au Salon PharmagoraPlus. Comment peut-on motiver les jeunes diplômés et les adjoints à l’installation dans le contexte actuel ?

PHILIPPE BECKER : En leur disant la vérité ! Et notamment en évitant les discours politiques tout faits. Au fil des années, la première installation est devenue une affaire de plus en plus sérieuse qui ne laisse guère de place à l’amateurisme et à l’improvisation.

La réussite, nous le soulignons depuis longtemps, est d’abord d’ordre comportemental. On peut être le meilleur de sa promotion ou encore le plus fortuné, cela ne conduira pas forcément au succès professionnel, loin s’en faut, car l’humilité et la résilience deviennent les vertus cardinales lors de l’acquisition d’une officine.

Les amateurs pour cette aventure sont-ils toujours aussi nombreux ?

CHRISTIAN NOUVEL : La conjoncture a malheureusement calmé les ardeurs. Le manque de visibilité et les exigences des banques en matière d’apport personnel et de garantie ont amplifié le désamour pour l’exercice personnel. C’est dommage, car nous entrons dans une période d’opportunités.

Qu’entendez-vous pas période d’opportunités ?

CHRISTIAN NOUVEL : Le talon d’Achille de la profession a toujours été la valorisation excessive des officines. Or il apparaît aujourd’hui que les vendeurs acceptent, pour la plupart d’entre eux, de vendre à des prix plus raisonnables, c’est-à-dire à des prix plus en rapport avec la rentabilité et la marge brute de leur pharmacie.

En outre, dans les toutes prochaines années, la pyramide des âges va créer mécaniquement un déséquilibre entre acheteurs et vendeurs, un grand nombre de pharmaciens arrivant en âge de prendre leur retraite. Les prix de marché n’ont pas encore intégré cette donnée démographique, mais celle-ci aura un impact fort.

Pourtant, les débats actuels sur la rémunération du pharmacien perturbent la visibilité nécessaire pour bâtir un plan prévisionnel. N’est-ce pas un obstacle ?

PHILIPPE BECKER : Oui, vous avez raison, c’est assez perturbant et angoissant. Mais souvenons-nous que, il y a vingt-cinq ans, l’arrivée de la marge dégressive lissée avait eu le même effet négatif et que, année après année, de nouveaux ratios étaient apparus. Désormais il faut raisonner sur la marge brute, c’est-à-dire la marge commerciale et les prestations, et sur l’excédent brut d’exploitation - avant déduction de la rémunération et cotisations sociales des titulaires - pour retrouver de la visibilité.

En pratique, comment faire pour se préparer efficacement à sa future installation ?

PHILIPPE BECKER : L’un des facteurs les plus importants est la formation complémentaire. Si les pharmaciens français sont indiscutablement bien armés pour faire face aux difficultés scientifiques de leur métier, ils ne sont pas assez formés pour agir en tant que chef d’entreprise. En résumé, ils ont les compétences verticales indispensables, mais pas toujours les compétences horizontales.

C’est-à-dire ?

PHILIPPE BECKER : Ils ont, c’est assez normal, des lacunes dans le domaine de la communication, de la gestion financière et des relations dans le travail, entre autres. Or ce sont des domaines où il faut avoir de solides connaissances pour mener sa barque dans une mer un peu agitée.

Si la durée des études de pharmacie devait être allongée, il faudrait donner une place plus importante à ces matières et, pourquoi pas, sanctionner au sens noble du terme ces formations par un diplôme de type MBA (Master Business of Administration).

CHRISTIAN NOUVEL : En attendant ces évolutions, un jeune diplômé peut trouver beaucoup de formations théoriques ou pratiques. C’est un aspect que nous avons souligné lors de notre conférence. Il faut se préparer, apprendre et surtout chercher les employeurs qui peuvent apporter une vraie expérience. Le temps passé comme adjoint doit être mis à profit pour peaufiner son projet professionnel.

L’ouverture du capital des officines, inscrite dans la loi pour les adjoints, va-t-elle leur faciliter l’accès au statut de titulaire ?

CHRISTIAN NOUVEL : Tous les dispositifs qui permettent un passage progressif du statut de salarié à celui d’associé sont à prendre comme des changements positifs. Ils créent des perspectives et apparaissent comme une forme d’apprentissage sans trop de risque.

Les six conditions nécessaires et suffisantes pour s’installer :
1. Disposer d’un apport personnel en adéquation avec le projet
2. Acheter sa future officine au juste prix
3. Acheter sa future officine avec l’assistance d’experts
4. Éviter les officines avec des défauts significatifs non apparents
5. Avoir un projet et être motivé
6. Bâtir au préalable un budget prévisionnel sérieux

 

Quotidien du Pharmacien | Propos recueillis par François Sabarly | Avril 2016

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