Remplaçant, collaborateur, titulaire : Quel mode d’exercice choisir quand on s’installe en tant qu’infirmier(e) libéral(e) ?

L’installation en libéral représente une étape cruciale dans la carrière d'un infirmier ou d'une infirmière. L'une des décisions les plus importantes à prendre lors de cette transition est le choix du mode d'exercice. En effet, il vous faudra choisir parmi trois statuts : remplaçant(e), collaborateur/trice ou titulaire. Chacun de ces statuts comporte ses propres conditions, avantages et inconvénients. Etudions de plus près ces différents modes d'exercice afin que vous puissiez faire le bon choix, celui qui conviendra le mieux à votre situation.

Le remplacement : idéal pour découvrir le métier

Comme son nom l’indique, le statut de remplaçant(e) consiste à remplacer un(e) infirmier(e) libéral(e) titulaire pendant sa période d’absence, que cette absence soit personnelle ou professionnelle : congé maternité ou paternité, congé maladie, vacances ou encore formations.

Ce statut est très plébiscité par les infirmier(e)s qui font leurs premiers pas en libéral. En effet, ce mode d’exercice offre plus de souplesse comparé aux autres statuts et permet de se confronter progressivement à la réalité de l’exercice libéral sans avoir à prendre la responsabilité d’un cabinet (et la pression qui peut aller avec.).

Un contrat doit être établi entre vous et l’infirmier(e) que vous suppléez au-delà de 24h de remplacement ou si la durée du remplacement est inférieure à 24h mais répétée. Ce contrat devra indiquer, entre autres, la durée et le motif du remplacement, les modalités de rupture et de rétrocession des honoraires. Vous devez en effet savoir que votre rémunération se fera sous la forme d'une rétrocession d’honoraires. Au cours du remplacement, le/la remplaçant(e) perçoit les honoraires pour le compte du titulaire et lui remet intégralement. Le titulaire procède ensuite à la rétrocession de l’ensemble des honoraires perçus à son (sa) remplaçant(e) et soustrait la part correspondant aux frais de fonctionnement du cabinet (électricité, loyer, téléphone, assurance des locaux, etc).

 

Les conditions

Plusieurs conditions sont nécessaires pour exercer en tant qu’IDEL remplaçant(e) :

  • Être titulaire du diplôme d’Etat Infirmier
  • S'inscrire au tableau de l’Ordre National des Infirmiers (ONI).
  • Justifier d’une expérience d’au moins 2 400 heures de travail effectif (ou 18 mois) dans un établissement de soins, une structure de soins, ou au sein d’un groupement de coopération sanitaire durant les 6 dernières années.

 

Les avantages

  • Vous pouvez vous faire une première idée du métier d’IDEL,
  • Vous aurez moins de tâches administratives et de responsabilités que si vous vous installiez en tant que collaborateur/trice ou titulaire,
  • Vous pouvez vous familiariser progressivement avec les tâches administratives,
  • Vous avez la possibilité, si vous le souhaitez, de cumuler une activité d’IDEL remplaçant(e) et de salarié(e) à l’hôpital.

 

 Les inconvénients

  • Vous ne pouvez pas développer votre propre patientèle,
  • Vous êtes dépendant(e) de la demande de remplacement disponible ce qui peut créer une activité - et donc un revenu - irréguliers dans le temps.

 

La collaboration : premier pas vers l’indépendance 

Une autre option qui s’offre à vous est de vous lancer en tant qu’infirmier(ère) libéral(e) collaborateur ou collaboratrice. Cela implique de rejoindre un cabinet infirmier existant et de travailler avec un ou plusieurs IDEL collaborateurs. Ainsi, le cabinet infirmier ne vous appartient pas et vous devez vous adapter à son fonctionnement. C’est une très bonne manière de démarrer en libéral : vous êtes indépendant(e), mais pas seul(e) ! Attention, il ne s’agit pas d’une association : vous pouvez constituer votre propre patientèle, utilisez vos propres feuilles de soins et votre carte CPS et facturer en votre nom.

Les conditions

Pour intégrer un cabinet infirmier existant en tant qu’infirmier(ère) libéral(e) collaborateur (ou collaboratrice), vous devez avoir effectué 24 mois ou 3200 heures de travail effectif au cours des 6 dernières années. 

Ce statut implique obligatoirement la conclusion d'un contrat de collaboration avec l’infirmier(e) titulaire. Ce contrat fixe les modalités de collaboration telles que :

  • La durée,
  • Les modalités de rémunération,
  • Les conditions dans lesquelles vous exercez et pouvez développer votre propre patientèle,
  • Les modalités de suspension ou de rupture.

 

Les avantages

  • Vous travaillez en toute indépendance et sans lien de subordination,
  • Vous n’avez pas besoin de trouver un local ou d’investir dans du matériel médical ou informatique : ils sont mis à disposition par l’IDEL titulaire,
  • Vous pouvez développer votre propre patientèle,
  • Vous conservez une indépendance administrative, fiscale et comptable. 

 

Les inconvénients

  • Vous devez vous adapter à l’organisation déjà en place au sein du cabinet,
  • Vous n’avez aucun pouvoir de décision quant à la gestion du cabinet,
  • Vous devez vous acquitter d’une redevance de collaboration dont le pourcentage sera à fixer avec le cabinet (il est généralement calculé en fonction des honoraires que vous encaissez),
  • Vous avez plus de responsabilités et de tâches administratives que si vous étiez remplaçant(e).

 

La titularisation : le grand saut !

En choisissant de vous installer en tant qu’infirmier(ère) libéral(e) titulaire, vous devenez un(e) chef(fe) d’entreprise avec toutes les responsabilités que ce statut incombe. Plusieurs possibilités s’offrent alors à vous : ouvrir ou racheter un cabinet seul(e) ? S'installer avec d’autres infirmières et infirmiers libéraux en tant qu’associé(e) ? Constituer sa propre patientèle ou racheter une patientèle existante ?

Envie d'en savoir plus ? N'hésitez pas à consultez notre article Comment développer votre patientèle ? 

Le statut de titulaire vous permet d'être autonome certes, mais vous disposerez aussi de nouvelles responsabilités liées à ce statut : tâches administratives, gestion du cabinet, suivi de la patientèle, paiement des rétrocessions si vous prenez un(e) remplaçant(e) etc.

 

Les conditions

Comme pour la collaboration, vous devez avoir comptabilisé 24 mois ou 3200 heures de travail effectif au cours des 6 dernières années pour être infirmier(ère) libéral(e) titulaire.

 

Les avantages

  • La liberté et l’autonomie dans votre organisation et vos prises de décisions,
  • Vous êtes libre de choisir votre lieu d'exercice (en vous renseignant au préalable sur le zonage défini par l’Agence Régionale de Santé)
  • L'opportunité de développer des relations durables avec vos propres patients,
  • Une rémunération plus intéressante que les autres statuts,
  • Dans le cas d’un exercice en groupe, les frais de cabinet (loyer, factures d’eau ou d’électricité) peuvent être partagés.

 

Les inconvénients

  • Vous devez avoir conscience que l’installation demande un certain investissement (temps et financier) : faire une étude de marché, effectuer les démarches préalables à votre l’installation, rechercher un local, acheter du matériel médical et informatique, constituer sa patientèle etc. Envie d'en savoir plus ? N'hésitez pas à consultez nos articles Le matériel indispensable et Les dépenses essentielles de l'IDEL.
  • Vous devez jongler entre vos 2 rôles : la prise en charge de vos patients et la gestion de votre activité ce qui peut engendrer une certaine pression,
  • Vous devez gérer toute la partie facturation : télétransmissions, facturation, comptabilité. Beaucoup de missions qui peuvent vous dépasser à vos débuts. Pour cela, l’utilisation d’un logiciel de facturation et de télétransmission comme Equinox, accompagné de son application myDay, vous faciliteront la tâche vous permettant ainsi de vous concentrer sur votre métier d’IDEL.

 

Le remplacement et la collaboration sont les statuts idéaux pour s'installer en libéral et pour maîtriser petit à petit tous les aspects de l'exercice libéral. Cependant, le choix du statut dépendra également de plusieurs facteurs : des objectifs professionnels que vous souhaitez vous fixer, du profil et du caractère personnel de chacun(e) mais aussi des risques que vous êtes prêt(e) à prendre. Les remplaçant(e)s privilégieront la flexibilité, les collaborateurs/trices chercheront une stabilité relative, tandis que les titulaires opteront pour l'indépendance et les responsabilités. Il est essentiel de peser attentivement les pour et les contres de chaque statut avant de prendre votre décision.