Baromètre des TPE n° 69 - le thème du trimestre : Territoire, la fracture économique

14/03/2018

Connaître les différents points de vue des patrons de TPE selon qu'ils habitent en ville ou à la campagne.

Territoire, la fracture économique

Grâce aux écrits récents de certains géographes, économistes, sociologues… de nombreux Français ont pris conscience que  tous les territoires de la République n’étaient pas égaux, et surtout des conséquences de cette inégalité. Mais personne n’avait encore recueilli le sentiment et la vision des patrons de TPE alors qu’ils sont pourtant des acteurs économiques majeurs sur ces territoires dont ils concourent au maillage. Cet oubli est désormais réparé.

Les moyennes doivent être appréhendées avec prudence, car elles cachent des disparités. Si les impressions et les avis des patrons d’une agglomération provinciale se situent très souvent dans la moyenne nationale, la perception et les opinions des dirigeants vivant et exerçant en région parisienne ou dans une commune rurale varient nettement. Ces contrastes laissent émerger une fracture économique entre les grandes agglomérations et les autres territoires. Ainsi, six patrons sur dix en moyenne estiment que la commune dans laquelle se trouve leur entreprise bénéficie de l’action et de la présence des pouvoirs publics, avec toutefois un réel clivage selon le lieu d’installation de l’entreprise : 7 sur 10 pour les TPE de la région parisienne à 4,4 sur 10 pour les entreprises rurales.

Trois facteurs montrent une perception décalée entre les entrepreneurs parisiens et ruraux. Les premiers sont plus nombreux (72 %, contre seulement 41 % pour les seconds) à avoir perçu une amélioration de l’accès au réseau internet (fibre optique, haut débit). Les entrepreneurs ruraux sont en revanche plus nombreux à avoir constaté une dégradation de l’accès aux services des administrations publiques (56 %, contre seulement 26 % pour les entrepreneurs parisiens) et une détérioration de la présence de commerces de proximité (56 % contre 41 %). Sur les autres sujets, tels que l’accès à l’emploi ou l’accès à la téléphonie mobile, aux aéroports et aux transports ferroviaires à grande vitesse, voire encore l’état des transports ferroviaires régionaux et le niveau de sécurité des biens et des personnes, la dispersion des opinions est plus faible, même si les effets négatifs sont toujours un peu plus marqués chez les entreprises rurales.

Néanmoins, aucun patron de TPE pour ainsi dire ne pense que le gouvernement privilégie les territoires ruraux aux villes, mais 57 % estiment qu’il s’occupe moins des territoires ruraux que des  villes. Une majorité des entrepreneurs ruraux jugent même que les pouvoirs publics en font trop pour Paris et la métropole du Grand Paris. Mais la plupart des chefs d’entreprise, quelle que soit leur origine, s’accordent à reconnaître une action publique insuffisante à l’égard des zones périurbaines, et en particulier des banlieues en difficulté ainsi que des campagnes.

L’impression laissée par les maires d’un côté, par les sénateurs et les députés européens de l’autre, ne diverge pas non plus selon le lieu d’établissement des patrons de TPE. Toutefois, si la plupart font confiance au magistrat municipal pour agir en faveur de la réduction des inégalités territoriales, l’action des sénateurs et des députés européens les rend plus circonspects. En revanche, leurs avis sur les autres personnalités politiques sont moins univoques. Les entrepreneurs ruraux apprécient plus l’engagement de leur député national en faveur des territoires que leurs homologues parisiens, très réservés. Les chefs d’entreprise parisiens saluent au contraire plus l’action du président de la République et de son gouvernement, à l’inverse des dirigeants des campagnes qui la jugent insuffisante.

Il semble à priori plus aisé de développer son entreprise dans une métropole ou une ville moyenne qu’en milieu rural ou périurbain. Toutefois des disparités subsistent : les patrons parisiens votent massivement pour la métropole qui offrirait plus de chances de succès alors que les entrepreneurs ruraux placent le milieu rural en tête, tout comme les dirigeants d’agglomérations urbaines provinciales misent avant tout sur la ville moyenne ; chacun étant un peu mieux chez lui que chez les autres.

Dans le match « ville contre campagne », la ville l’emporterait sur le plan économique et la campagne sur la qualité de vie. Pour autant les écarts selon l’origine des chefs d’entreprise sont importants. Si pour une majorité d’entrepreneurs parisiens, il est plus facile d’embaucher, de trouver des débouchés commerciaux et d’être compétitif dans les métropoles, une part significative de leurs homologues ruraux pense que cela ne l’est pas moins à la campagne. De même, pour des considérations liées à la qualité de vie, les trois quarts des patrons ruraux préfèrent une installation en zone rurale quand uniquement 46 % des dirigeants parisiens partagent cette opinion. D’ailleurs, presqu’un tiers plébiscite plutôt la ville.

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