Les grandes lignes

Télécharger le dossier

Tout a changé, rien n’a changé

Six mois après son élection, le charme d’Emmanuel Macron opère toujours auprès d’une majorité de patrons de TPE. Son discours déterminé, sa méthode volontariste plaisent, comme ses premières réformes ou promesses de réformes. Pour plus des deux tiers d’entre eux, elles confirment ses engagements électoraux, ce dont, il faut en convenir, nous avions un peu perdu l’habitude.

Les partis d’hier ont d’ailleurs sombré, victimes du « dégagisme ». Ce ne sont pas les codes politiques qui ont muté avec l’émergence de nouvelles têtes. C’est la société fatiguée des rengaines illusoires qui a voulu balayer une classe politique clientéliste ; une classe politique qui en dépit de déficits récurrents et de prélèvements obligatoires asphyxiants a échoué sur tous les plans : chômage, pauvreté, industrie, éducation…

Les Français cherchaient un autre logiciel. Emmanuel Macron l’a compris avant tous ses compétiteurs. Si sa victoire électorale doit autant à la cécité du vieil ordre établi qu’au talent du jeune candidat qu’il était, il a depuis exercé le pouvoir avec les mêmes ressorts que ceux qui l’y ont conduit. Il a ainsi su redonner une aura à la fonction présidentielle et redorer l’image de la France à l’étranger.

Il a engrangé puis véhiculé de la confiance, un fondement primordial en économie. Il a ensuite résisté aux idéologies et dogmatismes syndicaux à l’occasion des ordonnances « travail ».

La politique aurait-elle donc retrouvé ses lettres de noblesse ? En aurions-nous fini avec la politique réactive, celle qui subit les évènements et se cantonne à en gérer les conséquences ? Serions-nous désormais entrés dans l’ère de l’anticipation, où la politique oriente les choix stratégiques de la société, trace son futur ? Ce serait beau si la réalité était telle. Mais, finalement il n’y a guère eu qu’une seule réforme en un semestre : les ordonnances réformant le code du travail. Et encore les avis sont partagés sur l’ampleur des bénéfices qu’il faut en attendre. Des lignes ont peut-être bougé, mais qu’est-ce qui a profondément changé dans le quotidien des petites entreprises ?

D’aucuns évoqueront également la réforme de l’ISF et la mise en place du PFU (prélèvement forfaitaire unifié, une « flat tax » de 30 % sur les revenus du capital), deux mesures qui ont vocation à drainer l’épargne des Français vers les entreprises. D’autres citeront la fusion du RSI avec le régime général de sécurité sociale. Mais est-ce que ceci a profondément changé le quotidien des petites entreprises ?

Certes, tout est question d’équilibre et aller trop vite peut s’avérer contre-performant. Evidemment, les résultats d’une réforme ne peuvent parfois se mesurer que plusieurs années plus tard. Cependant, aujourd’hui, les grands chantiers n’ont pas encore été ouverts : réduction massive des déficits, réduction drastique de la dette, redressement du commerce extérieur… Le plus difficile a encore été reporté !

Attention aux beaux discours, aux belles promesses, car la désillusion peut être plus forte que les espoirs qu’ils ont fait naître. Les classes moyennes auxquelles appartiennent la plupart des patrons de TPE semblent les sacrifiées de ce début de mandat et il faudra rapidement bien plus que des espérances pour consolider la confiance acquise.