S’implanter aux USA : ce qu’il faut savoir pour se lancer

Exporter son activité aux USA ou en lancer une directement, c’est une idée que de nombreux entrepreneurs français ont un jour, attirés par un marché de plus de 300 millions de consommateurs, avides de nouveautés. Pour se lancer, il faut impérativement avoir des idées claires, s’y préparer longtemps à l’avance et savoir ce qui change de l’autre côté de l’Atlantique pour un dirigeant.

S’implanter aux USA : adapter son offre, ses pratiques et son état d’esprit

« Même de très grands groupes expérimentés se sont fait avoir : aux États-Unis, la recette du succès n’est pas la même qu’en France » pose d’emblée Olivier Sureau, co-fondateur de Jade Fiducial, cabinet de gestion comptable et fiscale implanté aux États-Unis et spécialisé dans l’accompagnement des entreprises françaises. Que l’on vende un bien ou un service, il est impératif d’adapter son offre au marché américain. La clef est de procéder à des tests sur des panels de clients, de commencer par une implantation et d’ajuster ses pratiques, de savoir être à l’affut de ce qui plaira.

Selon Olivier Sureau, l’entrepreneur lui-même devra adapter ses habitudes et références professionnelles et faire attention aux idées reçues : « Par exemple, aux États-Unis, les décisions se prennent plus rapidement qu’en France ; les salariés sont bien moins fidèles ; les impôts personnels et sur les sociétés ne sont pas nécessairement moins élevés et l’installation au Delaware ne vous épargnera pas forcément d’en payer ; enfin, si les charges sociales sont souvent plus basses, pour être attractif un employeur devra offrir à ses salariés des avantages ayant un coût certain comme la mutuelle ou le plan de retraite notamment ».

Une préparation poussée qui prend du temps

Ensuite, la préparation passe par la constitution d’une solide assise financière, d’au moins une année de cash-flow d’avance, permettant d’absorber sereinement la première année sur le sol américain. Olivier Sureau précise : « Qu’il s’agisse de prendre un bail, de faire une acquisition ou de s’associer, les fonds devront être disponibles sans attendre. Les aides apportées par Business France ou la BPI mais aussi les chambres de commerce franco-américaines locales peuvent vous aider. ».

Enfin, la clef sera de constituer une équipe de direction biculturelle, franco-américaine, et donc de recruter la ou les bonnes personnes. Sans cela, le risque est élevé de ne pas arriver à s’interfacer parfaitement et dès le départ avec vos interlocuteurs, qu’ils soient fournisseurs, salariés ou partenaires.

Droit : omniprésent et indispensable

La différence culturelle s’applique également à l’environnement business, en commençant par le droit. « Aux Etats-Unis, dans la plupart des cas, l’organisation des affaires ne repose pas sur des lois avant tout mais sur des contrats » souligne Olivier Sureau. Il poursuit : « Il faut donc recourir à un avocat régulièrement : pour les baux quand on loue, pour les contrats de travail de ses employés clefs, pour les contrats commerciaux avec ses partenaires, pour les questions d’immigration afin d’avoir le droit d’y travailler». Le budget juridique moyen pour une entreprise ayant ces différents besoins sera au moins trois fois supérieur à celui nécessaire pour la même activité en France.

Fiscalité : diversité et transparence

En matière fiscale, jusqu’à trois niveaux d’imposition existent pour l’impôt sur les sociétés. Au taux fédéral de 21 %, il faut ajouter celui de l’État où l’entreprise est implantée ou active : par exemple 5,5 % en Floride, 6,5 % dans l’Etat de New-York et 8,84 % en Californie. Mais il peut arriver que la ville d’implantation impose également, comme à New-York, pour un taux supérieur à 8 %. En matière de fiscalité personnelle, l’imposition sera fédérale et, souvent, par l’État de résidence, même si certains pratiquent la non-imposition, comme en Floride.

Par ailleurs, prévient Olivier Sureau, les rapports avec le fisc américain sont très différents de ceux que l’on peut avoir avec l’administration fiscale en France. Le droit à l’erreur n’existe pas. La plus grande transparence s’impose car toute omission sera interprétée comme un mensonge et sanctionnée lourdement. Il faudra avoir une vigilance particulière si jamais le dirigeant devenait résident américain compte tenu des très lourdes obligations fiscales qui en découleraient. Dans tous les cas, il est nécessaire de recourir à un comptable, en vérifiant qu’il s’agit d’un CPA (certified public accountant) car l’accès à la profession est totalement libre.

Financement : lever des fonds plus qu’emprunter

Enfin, le financement est un sujet capital. Les banques américaines prêtent difficilement aux entrepreneurs étrangers et leurs taux sont très élevés, entre 6 et 7 % actuellement. De leur côté, les banques françaises, dont les taux sont bien plus avantageux, sont souvent peu enclines à financer le développement de leurs clients aux États-Unis, qu’elles jugent trop risqué. Dès lors, la solution est de lever des fonds, en trouvant des associés américains, personnes physiques, entreprises ou fonds d’investissement. Là encore, avoir une équipe biculturelle, capable de prendre des décisions rapidement sera indispensable.

Les États-Unis sont une terre d’opportunités remarquable, accessible pour les entrepreneurs français qui prennent le temps de bien préparer leur développement et qui veillent à bien s’entourer.

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