Risque client : les vérifications indispensables avant de signer.

Dirigeant de TPE ou PME : sachez où trouver l’information pour analyser la solvabilité d’un client et sécuriser vos ventes B2B.

Comment s’informer sur la solvabilité de vos partenaires ? Les bons réflexes pour protéger votre trésorerie des mauvais payeurs

Un contrat signé, une mission honorée, une facture envoyée. Reste une question : serez-vous payé ?

Les retards de paiement sont la première cause de défaillance des entreprises en France, selon le cabinet Altares : la solvabilité de vos clients est donc un risque majeur que vous ne pouvez pas ignorer.

Voici les réflexes à adopter avant de s’engager avec un nouveau partenaire :

Savoir à qui l’on parle en amont de toute collaboration

Cela peut sembler trivial, mais la plupart des dirigeants n'ont pas le réflexe de vérifier l'identité juridique de leur interlocuteur. Pourtant, dès lors qu’une entreprise vous commande une prestation sans règlement immédiat, vous lui faites crédit : le risque financier apparaît dès la commande.

La première étape consiste donc à bien identifier l’entité avec laquelle vous traitez.

Pour rappel, le numéro SIREN, à 9 chiffres, désigne l’entreprise en tant qu’entité juridique unique, quel que soit le nombre d’établissements qu’elle exploite. Le numéro SIRET, à 14 chiffres, se compose du SIREN auquel on ajoute 5 chiffres correspondant à un établissement spécifique (bureau, boutique, entrepôt, etc.).

Un établissement, même s’il a un SIRET propre, ne peut pas contracter ni être assigné en justice puisqu’il n’a ni patrimoine, ni personnalité juridique. Seule l’entreprise mère, identifiée par le SIREN, peut l’être.

Privilégier l’extrait Kbis pour plus de sécurité

Vérifier un SIRET permet de s'assurer que l’établissement est bien immatriculé, mais cela ne suffit pas. En effet, le SIRET n’est pas mis à jour en temps réel : un identifiant peut persister quelques mois après la radiation d’une entreprise par exemple.

Pour obtenir une garantie à jour sur le statut d’une entreprise, vous devez obtenir un extrait Kbis. Ce document, officiellement l’extrait d’immatriculation principale au Registre du Commerce et des Sociétés, mentionne notamment l’adresse de l’entreprise, son capital social, ses dirigeants, ses activités déclarées…

Il est toujours à jour, puisqu’il est généré à la demande et connecté à la base du RCS. Mais surtout, le KBis relate toute situation susceptible d’impacter sa solvabilité ou son fonctionnement (procédure de sauvegarde par exemple).

Vous pouvez commander le KBis à jour de n’importe quelle entreprise auprès du Greffe (service payant, environ 3 €) mais aussi obtenir celui de votre propre entreprise gratuitement sur le site Mon Identité Numérique.

Si votre interlocuteur est le représentant légal de son entreprise, il n’a aucune excuse pour ne pas vous fournir un KBis récent !

Ne pas se perdre dans les bases de données publiques

Les sources d'information publiques sont nombreuses et parfois redondantes. INPI, BODACC, Greffe, RCS, INSEE… Comment s’y retrouver ?

Pour simplifier les recherches, les services publics ont mis en place des agrégateurs.

Le site annuaire-entreprises.data.gouv.fr, par exemple, permet d'accéder librement à des données consolidées : identité des dirigeants, autres sociétés détenues, capital social, et événements majeurs de la vie de l’entreprise, comme une création, un déménagement de siège ou un changement de nom : vous visualisez l’essentiel en un clin d'oeil.

Trouver les comptes… lorsqu’ils sont publiés

Une fois l’identité confirmée, reste la question du risque financier. Autrement dit : a-t-elle les moyens de vous payer ?

Les comptes annuels sont évidemment une source d'information précieuse… lorsqu’ils sont disponibles. En effet, près de la moitié des entreprises françaises ne les déposent pas, soit par négligence, soit délibérément.

Pour autant, toutes les entreprises ont l’obligation de les publier, les plus petites pouvant opter pour une confidentialité totale ou partielle : une absence de publication est donc un signal négatif.

Le site le plus efficace reste l’INPI, qui propose, après création d’un compte gratuit, un accès aux comptes non soumis à confidentialité. C’est d’ailleurs la source principale des sites d’information privés (que nous évoquons plus loin) : l’INPI joue en effet le rôle de prestataire numérique pour le compte du Greffe, auprès duquel les entreprises doivent déposer leurs comptes annuellement.

Savoir lire les comptes financiers

L’analyse financière est un métier et il serait difficile de le réduire à quelques concepts ou ratios.

Un déficit ponctuel n’est pas toujours inquiétant. Ce qui l’est, c’est l’absence de visibilité sur la trésorerie ou la structure de financement. Vos points d’attention doivent surtout être la trésorerie, les fonds propres, les charges d’endettement et la capacité d’autofinancement.

Méfiez-vous des événements ponctuels tels qu’une cession d’actifs par exemple. Ces entrées de trésorerie ne sont pas reproductibles !

Enfin, notez que le rapport des commissaires aux comptes valide la sincérité des comptes, mais ne fournit aucune information sur la solvabilité ou la santé de l’entreprise…

Les notations émises par des bureaux d’analyse

Pour un diagnostic immédiat et plus synthétique, des sociétés comme Creditsafe, Altares, Ellisphere ou Infolegale proposent des rapports détaillés sur la solvabilité des entreprises, fondés sur des données publiques et enrichies.

Ces services, payants, permettent d’obtenir des analyses sur les sociétés avec lesquelles vous travaillez : score de solvabilité, analyse du comportement de paiement, alertes…

Quant à la Banque de France, elle attribue à plusieurs centaines de milliers d’entreprises réalisant plus de 750 000 euros de chiffre d’affaires une cotation confidentielle, la fameuse note FIBEN.

De 3++ (excellente signature) à 9 (défaillance avérée), elle repose sur l’analyse des comptes mais aussi sur des éléments qualitatifs : incidents bancaires, comportement du dirigeant, contexte sectoriel…

Cette note n’est pas publique : elle est destinée aux établissements de crédit. Cependant, elle peut être communiquée gratuitement au représentant légal d’une entreprise notée.

Privilégier l’information à la source ou l’ergonomie

Pappers, Societe.com, Verif… Vous arriverez forcément sur ces sites en cherchant de l’information sur une entreprise.

Pour l’essentiel, ces sites puisent dans les mêmes jeux de données publics : ceux de l’INSEE, de l’INPI, du BODACC, d’Infogreffe… Leur valeur ajoutée tient surtout à l’ergonomie du site et les éventuels services supplémentaires (alertes, historisation…). Ne souscrivez aux offres payantes que si vous en ressentez le réel besoin et que si leur valeur ajoutée est avérée.

Les signaux faibles sont souvent les plus parlants

Enfin, l’analyse ne doit pas reposer uniquement sur la comptabilité, qui reflète souvent la situation de l’année passée, voire s’il y a deux ans. Le risque est par nature dynamique.

Certains indices, discrets mais révélateurs, peuvent précéder les difficultés : changement soudain de gérant, réduction du capital, déménagement du siège social, radiation d’un ordre professionnel…

Ces données sont accessibles sur le BODACC, l’INPI ou Infogreffe, parfois avec un léger décalage. Pour gagner en réactivité, n’hésitez pas à créer des alertes sur le site de l’INPI. Un simple e-mail vous préviendra de tout événement nouveau sur les entreprises suivies.

Tous ces outils d’analyse sont utiles, mais ils ne remplacent pas la prudence. Même une entreprise bien notée peut basculer brutalement : litige, retrait d’un client clé, crise sectorielle… Il est impossible de supprimer totalement le risque client, mais vous devez toujours le gérer au mieux.