Pendant longtemps, avec les taux bas, l’accès au crédit a été très fluide. Un projet bien formulé, une entreprise bénéficiaire, et la réponse était souvent positive.
Mais la remontée des taux d'intérêt et la fin du PGE (Prêt Garanti par l'État) changent la donne. On constate un retour aux fondamentaux : un crédit professionnel se prépare, s’argumente, se documente.
Si votre entreprise est une PME disposant d'un DAF ou si elle a déjà levé des fonds, elle dispose sans doute déjà des compétences pour demander un crédit.
Mais dans une TPE, c’est souvent le dirigeant lui-même qui s’y colle. Ce n’est pas une mauvaise chose, à condition de savoir ce que le banquier attend réellement.
Le banquier n’achète pas un projet. Il finance un risque.
Un banquier finance une capacité à rembourser. Autrement dit, il cherche avant tout à minimiser le risque de non-remboursement.
Pour l’évaluer, il s’appuie sur trois dimensions fondamentales :
- la viabilité économique du projet,
- la solidité financière de l’entreprise,
- la capacité du dirigeant à piloter dans l’incertitude.
Autrement dit, votre projet doit démontrer qu’il génère suffisamment de chiffre d’affaires pour absorber les charges, rembourser les échéances et résister à un éventuel aléa. Cela suppose un modèle d’activité rentable et des leviers d'ajustement clairement identifiés.
Sur le plan financier, le banquier analyse à la fois le passé (le connu), le présent (l'exercice en cours, non encore publié) mais aussi le futur. Il s'intéressera surtout à ce qui touche à votre capacité de remboursement : capacité d’autofinancement, taux de marge, délais de paiement clients et fournisseurs, saisonnalité… La trésorerie compte davantage que la rentabilité comptable.
Quant à vous, dirigeant, vous êtes jugé sur votre expérience, votre vision et votre compréhension des mécanismes financiers. Si vous connaissez vos chiffres, que vous anticipez les questions et que vous êtes capable de justifier chaque ligne de votre prévisionnel, vous avez déjà marqué des points.
Ne cherchez pas à cacher les angles morts, au contraire. Votre capacité à les évoquer démontre votre lucidité sur votre activité.
Ce que contient un bon dossier de crédit
Vous devez idéalement fournir un document complet, organisé, avec une page de garde, un sommaire, des sections bien identifiées et des annexes numérotées. Un PDF de 40 pages proprement structuré vaut mille pièces jointes désordonnées !
La première impression compte : si votre présentation est confuse, le reste de votre projet le semblera aussi.
Voici les pièces qui doivent impérativement figurer dans votre dossier, surtout si la banque n'est pas votre banque principale :
- Les statuts juridiques de l’entreprise à jour
- L’extrait Kbis récent (moins de 3 mois).
- Les liasses fiscales complètes des deux à trois derniers exercices incluant les annexes comptables.
- Le plan de financement du projet, clairement détaillé, avec ventilation des postes de dépenses.
- Un prévisionnel d’activité à 3 ans, dont l'année en cours.
- Des devis, bons de commande ou lettres d’intention si l’objet du crédit concerne un investissement identifié.
- Les relevés de comptes bancaires professionnels des trois derniers mois.
- L’état des dettes en cours : encours bancaires, crédit-baux, dettes fiscales et sociales, ainsi que le tableau d’amortissement pour les emprunts.
- Une attestation de l’expert-comptable, synthétisant la santé financière de l’entreprise et validant les hypothèses du prévisionnel.
- Un tableau de trésorerie prévisionnelle, sur 6 à 12 mois, actualisé à la date de la demande.
En option (mais toujours apprécié), vous pouvez ajouter : un organigramme de l’entreprise, une présentation du dirigeant, les CV des associés clés, et une fiche d’identité de l’activité (code APE, zone géographique, clientèle cible, saisonnalité, etc.).
L’objectif n’est pas de noyer le banquier sous la paperasse, mais de lui permettre d’avoir, en un coup d’œil, tous les éléments nécessaires à son analyse. Un dossier bien construit, c’est un dossier vous démarque et donne envie de vous confier les fonds pour avancer.
Garanties et sûretés : anticipez pour optimiser votre financement
Tôt ou tard, la question viendra. Quelles garanties pouvez-vous apporter ?
Une banque a parfois besoin d’un filet de sécurité. Cela peut prendre la forme d’un gage sur un matériel, d’un nantissement sur un fonds de commerce ou d’une hypothèque sur un bien immobilier.
Pour la banque, la garantie est une ligne de défense en cas de défaut.
Pour vous, dirigeant, elle conditionne les modalités du prêt : taux, durée, conditions suspensives. C’est donc un levier stratégique et non un simple point de détail à traiter en fin de dossier.
Trois types de sûretés peuvent être mobilisés :
- Les garanties réelles : hypothèque sur un bien immobilier, nantissement du fonds de commerce, gage sur un matériel amortissable... En offrant un recours direct en cas d’impayé, ces garanties abaissent mécaniquement le coût du risque pour l’établissement prêteur.
- Les garanties personnelles : il s'agit de la caution du dirigeant, qui engage son patrimoine privé. C'est une garantie à donner avec soin, notamment en cas de biens en indivision ou de régime matrimonial spécifique.
- Les garanties externes : dispositifs publics comme Bpifrance Garantie, SIAGI pour les artisans-commerçants, ou FEI (Fonds Européen d’Investissement) via certains réseaux bancaires. Ces mécanismes peuvent couvrir jusqu’à 70 % du montant emprunté, en première demande ou en complément d’un apport personnel.
Anticiper ces mécanismes en amont de votre demande montre que vous avez pensé votre financement comme une opération complète, et non comme une simple demande de cash. Cela changera la posture que vous adoptez en rendez-vous.
Rappelez-vous : ce n’est pas le besoin qui convainc la banque, c’est son évaluation du risque.
La relation bancaire se consolide avec les prêts
Une demande de crédit n’est pas un acte anodin : c'est une prise de risque par la banque et un renforcement de la collaboration entre votre entreprise et la banque.
Si vous obtenez le crédit, pensez à la suite. Prévenez la banque si vous prenez du retard dans l’exécution. Envoyez vos actualisations de prévisionnel. Tenez-le informé des grandes étapes. Une banque déteste les silences.
Enfin, soyez stratégique : si vous êtes satisfait, envisagez d'en faire votre banque principale. Fidélité et transparence sont deux leviers puissants pour négocier plus tard une ligne de découvert dans de bonnes conditions, un crédit bail, ou tout autre accompagnement.
Tout comme une relation client ou fournisseur, une relation bancaire se travaille !
Vous l'aurez compris : préparer sa demande de crédit, ce n’est pas cocher des cases. C’est chercher un nouveau partenaire dans le développement de votre entreprise.
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